• Elle me parlait d’amour, de ce poison qui me fend l’âme, elle me parlait de mon propre drame. Et en me parlant de cet amour, ses yeux venaient se poser sur moi, et moi dans les silences de sa voix je fonds, je touche le fond. Elle me parlait d’amour, des folies de Lancelot, de vidas de troubadours. Elle me racontait un amour de loin, volait les mots de ma bouche, en ignorant cette ardeur qui me touche et ce feu qui m’embrase lorsque ses mots me touchent. Elle avait cette grâce quand elle en parlait, une douceur qui faisait que ses mots sonnaient plus vrais, comment m’en vouloir, si je la croyais ? Comment m’en vouloir, lorsqu’elle me parlait du héros qui prend ses fantasmes pour vérités, d’un désir toujours renouvelé, d’une quête jamais assurée ? Je me trouvais dans ses mots et je me perdais encore sur sa bouche quand elle ne finissait pas ses phrases, je les retrouvais dans ma bouche. Elle m’apprenait des mots d’amour et les codes de la cour, comment parler et comment agir. Pourtant, elle s’étonne de cet enchantement qui m’attire. Ses yeux lisent dans les miens, et sur ses lèvres je vois un sourire. Est-ce le sourire amusé de Guenièvre devant l’innocence du premier amour ? Est-ce à jeu, à gas, ou bien le sadisme d’une dame face aux souffrances d’un martyr ? Elle m’apprend à aimer et s’étonne de me voir aimer. Mais ne raconte-t-elle pas après ce supplice que j’encoure ? Je l’entends me parler d’amour et en croyant que ses mots s’adressent à moi je m’enfonce à mon tour. Je ne peux vous en vouloir, ma dame,  je suis le nouveau fin’amant dans une quête sans retour.


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  • Je suis dans l’oubli, et dans l’oubli de toi, je me retrouve dans l’oubli de moi-même. Je m’oublie et je me sens étrangère à moi-même. Mon corps n’est plus mon corps sans tes yeux qui se posent sur moi, sans le souvenir fantasmé de ton odeur, de ta douceur. Mes yeux ne sont plus eux-mêmes sans les tiens qui miroitent mon regard, lorsqu’on se croisait dans les couloirs. Mon visage n’est plus qu’un disque vierge, qu’un tableau sans image, qui perd ses traits. Je me défais. Je m’efface à mesure que je disparais dans ta mémoire comme un souvenir lointain. Bientôt, ce sera la fin. Et moi, je reste sur ma faim. Ma faim de toi, ma fin par toi. Je me débats. Sous les plis de ta mémoire, j’essaie en vain de laisser quelque chose de mon parfum. J’essaie de laisser, comme une gravure sur un tronc d’arbre, comme la signature au coin du tableau. Mais les vagues cruelles de ta mémoire effacent mes traces comme des initiales sur du sable. Suis-je pour toi si remplaçable ? Mais pour l’être, il faudrait, au départ, être pour toi. Mais moi, à tes yeux, je ne suis rien. Tu m’enterres vive dans la mémoire, tu ne daignes même plus me voir. Je m’efface, lentement, sûrement, dans le cimetière des souvenirs. Mais sache que le phénix ne meurt jamais. Il attend le bon moment pour survenir, pour revenir, pour devenir. Et des souvenirs, je viendrai à toi à nouveau des cendres que j’égrenais dans la mémoire.


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    Les mots ne me laissent jamais tomber quand j’en ai besoin. Ils sont toujours là, réconfortants quand les visages se tournent, quand la froideur des regards me foudroie. Les larmes coulent sur mes joues sans que je ne sache vraiment pourquoi. Peut être est-ce la cicatrice qui s’ouvre une nouvelle fois ? Ou est-ce le masque que je porte qui se décolle, ou quoi ? Tu me souris, du coin de l’œil tu m’accueilles, tu m’attires vers toi. Je te connais, un vieux fantôme qui me hante encore parfois. J’essaie d’ignorer le piège que me tend ta voix. Elle est douce, envoûtante, en elle je me noie, je me noie…Trop tard, je tombe dans les bras du loup, petite brebis, je m’égare de la voie. Lorsque les mains se retirent, lorsque tout le monde me fuit, le fouet est toujours là. Avec un peu de force, les étreintes de réconforts sont aussi douces que le supplice de la croix. Avec un peu d’imagination, mon pire ennemi sèche mes larmes et cherche ma joie. La plaie est ouverte à nouveau et dans mon propre sang je me noie.

    L’image contient peut-être : texte

     


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