• Le chant des sirènes - 16 octobre

    Le temps m'échappe, et chacun loin de moi fait son chemin. Le temps passe, me fracasse contre les murs de l'oubli. Je tente tant bien que mal de laisser ma trace, comme la marque de mes lèvres sur une joue, comme l'odeur de mon parfum au creux d'une épaule mais les jours passent. Ils passent et les vagues viennent effacer des mots puérils autrefois tracés sur le sable, ils diluent dans ma mémoire ce qui comptait pour moi. 

    Que reste-t-il de moi ? 

    Qu'en est il de moi ? Que suis-je sans cet autre pour poser les yeux sur moi ? Que suis-je sans tes mots pour me rassurer ? N'est-ce pas ironique ? N'est-ce pas tragique ? Je n'ai écris de toi qu'après que tu me quittes, comme si les mots refusaient de voir en ce bonheur à côté de toi une raison de chanter. 

    Seule.

    Mon chant se mêle à celui des sirènes, il est triste et envoûtant, ma tristesse appelle les matelots de tous les coins de la terre, et pourtant, je sais que c'est ma tristesse qui les intéresse. Je sais que c'est mon chant qui les envoûte, qui les ensorcelle, je sais que c'est ce philtre d'amour, ce poison mélangé à mes larmes qui les attire. 

    Je les recueille dans mes bras, charmés par les chants de ma lyre, ivres de mes baisers empoisonnés, d'un idéal rêvé, d'un corps parfait, des mélanges que je fais dans mon chaudron. 

    Venez, abandonnez-vous à ce chant qui causera, malgré moi, votre perte Je perpétue le crime et pourtant, je suis moi-même victime de mon chant. 


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